Aujourd’hui, je pense à ces pensées que je ne partage jamais, celles qui restent cachées, silencieuses. La honte. Ce petit mot qui pèse si lourd. Elle s’installe discrètement et finit par tout consommer. Combien de moments ai-je perdus à cause d’elle ? Combien de mots n’ont pas été prononcés, combien d’actions n’ont pas été entreprises, simplement parce que j’avais honte ?

On croit souvent que la honte est éphémère. Mais elle s’accroche à nous, réécrit nos histoires et nous fait croire que nous sommes la somme de nos erreurs. J’ai payé ce prix en silence, en opportunités manquées, en m’auto-sabotant.

Je repense à une fois où, entourée de personnes que j’admirais, je voulais contribuer, dire quelque chose. Mais la honte m’a fait taire. Elle murmure sans cesse : “Tu n’es pas assez.” Et cela nous coûte cher—des connexions, la confiance, notre valeur.

La honte commence jeune, à l’école, à la maison, et avec le temps, elle devient une partie de nous. Mais ce que j’apprends maintenant, c’est qu’elle ne nous prive pas seulement du présent. Elle vole aussi notre avenir. Chaque fois que nous laissons la honte nous dicter notre conduite, nous perdons une chance de devenir la personne que nous sommes censés être.

J’ai perdu des années à cause de la honte, à rester silencieuse, à laisser mes insécurités guider mes choix. Mais j’essaie de changer cela. Peut-être que le vrai voyage, c’est d’apprendre à se pardonner, à laisser la honte derrière nous et à embrasser pleinement ce que nous sommes, avec nos erreurs et nos cicatrices. Parce que, finalement, le prix de la honte est trop élevé pour continuer à le payer.

Denise Choka